jeudi 14 octobre 2010

TROP SPIRITUELS POUR AIMER? par Ilrevientbientot


Un jour, des enfants mourraient de faim dans une zone reculée d’Afrique, puis le jour d’après, une SDF décédait dans la rue dans la plus grande indifférence. Des jours hélas ordinaires, où la souffrance défile sur le podium de l’humanité, tandis que quelque part dans le public, des chrétiens observent, inertes.

Vous souvenez vous du bonheur ? Il était apparu dans le visage sale d’une orpheline de guerre, lorsqu’un homme vaincu par l’amour venait la délivrer du tourment de la misère, ou encore au sein d’une communauté opprimée et dévastée, lorsqu’un homme leur apportait des vivres et de la dignité.

Avons-nous été faits prisonniers des murs ? Comment l’ivresse du confort et de la satisfaction personnelle, ont envahi nos cœurs, au point que la détresse permanente ait un parfum d’habitude. Tout le monde veut prêcher, mais combien veulent aimer ? Combien veulent se dessaisir d’eux-mêmes pour enrichir les autres, d'un sourire, de compassion, de biens? Tout le monde veut avoir raison, c’est le coup d’état du Moi sur l’Eglise. A perte de vue, l’indifférence, le refroidissement, la dureté, la rudesse, l’insensibilité sur fond d‘idéologie religieuse. Des pasteurs nous passent la pommade, nous réhabilitent, quand même le monde qui devait être témoin de notre lumière et de notre saveur a été contraint de briller lui-même par sa générosité, d’aimer à notre place par sa dévotion.

Nous avons raison de mépriser les horreurs du catholicisme, autant doctrinales que pratiques, mais ce sont eux qui nourrissent les pauvres, recueillent les opprimés, renoncent pour beaucoup à leur confort et partent à la conquête du bonheur d’autrui. Peut-être le Seigneur leur fera -t-il la grâce, de le connaitre véritablement et d’être sauvés par la foi, mais nous qui sommes censés le connaitre, avons-nous été vaincus par l’individualisme et l’amour du monde ? Bien sûr qu’il y a des chrétiens mobilisés sur le terrain social, et merci Seigneur pour ces frères, mais on les compte. Il serait hâtif de prétexter le manque de ressources pour se justifier de notre tiédeur à l’ égard d’autrui. Tous ne peuvent pas donner dans des causes missionnaires, mais la charité est un style de vie, non pas un évènement ponctuel. La charité est aussi dans la douceur, dans l’humilité, dans la patience, dans la maitrise de soi, dans le pardon, dans l’amour, puisque ce sont les autres qui en bénéficient… Pourquoi avons-nous cessé de soupirer après ces choses comme nous soupirons après le reste ? Sommes-nous trop spirituels pour aimer ? 

Parmi les millions de chrétiens qui se lèvent chaque matin, combien ont un cœur tourné vers autrui, brûlant du désir d’aider quelqu’un, de soutenir celui-ci, d’exhorter celui-là dans l’effacement et la dévotion ? S’il fallait organiser un putsch au sein de l’évangile de prospérité, cela consisterait à récolter toutes ces richesses pour autrui, pour les frères, les pauvres, les opprimés. Ce serait de tourner l’attention vers le prochain. C’est utopique je sais, mais sachons que l’un des échecs de l’évangélisation se trouve aussi dans cette cupidité chrétienne immorale qui ne passe pas inaperçue aux yeux des inconvertis.

Les mondains de  presque toutes les religions s’accordent à dire que Jésus est Amour et qu’il a été un exemple. L’homme, même dans sa nature déchue peut reconnaitre ce qui est Bon et le nommer comme tel. Si nous devions sonder les incroyants et les laisser s’exprimer sur les chrétiens, il faudrait s’attendre à une hécatombe fortement justifiée. C’est une chose que le monde nous rejette à cause du témoignage authentique de Christ, c’en est une autre d’être recrachés de la bouche d’un monde inique qui ne voit en nous aucun modèle ni aucune étincelle ! Qu’en sera-t-il lorsque nous comparaitrons devant le Dieu Saint ? 

Avouons-le, la plupart du temps, lorsque nous rentrons dans une église, il n’est pas question du bien que l’on pourrait faire à autrui, ni de mettre au centre les frères indigents pour leur apporter du soutien, ni même de mourir à nous-mêmes au détriment d’une vie dédiée aux autres. Nos cœurs ne semblent plus vibrer pour cet aspect humble et dépouillé du christianisme; le christianisme de la compassion, du renoncement et de l’amour.

 En observant les dix commandements que Dieu a donnés à Moise, nous remarquons que sur les dix, il y en a sept qui constituent un ensemble de règles devant garantir la paix d’autrui. Lorsque Jésus résumait la loi dans le Nouveau Testament, l’accent fût encore mis sur l’amour que nous devons porter aux hommes. C’est cet aspect du christianisme qui tend aujourd’hui à disparaitre pour laisser la place à des doctrines qui destituent autrui et qui valorisent le Moi.

Actes 20.35

 Je vous ai montré de toutes manières que c'est en travaillant ainsi qu'il faut soutenir les faibles, et se rappeler les paroles du Seigneur, qui a dit lui-même: Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir.

Trop de chrétiens s’attendent à recevoir. De Dieu, ils attendent la bénédiction, des hommes, ils attendent la considération. Si nous devions encore une fois réaliser un sondage afin de connaitre le nombre de chrétiens qui se réunissent dans les assemblées pour donner, que ce soit de l’amour, de l’attention, du soutien ou de l’argent aux frères, quels résultats devrions-nous craindre!

 Nous voulons restaurer l’aspect miraculeux de la Bible à coup de pentecôtisme et de charismatisme, nous sommes assoiffés de ces grands signes et prodiges, et ne regardons plus suffisamment aux dons cachés dans un tempérament doux qui restaure l’âme, les miracles d’un cœur qui pardonne, le signe de l’humilité, si spectaculaires. Ce qui ne peut pas être contrefait par Satan, c’est pourtant bien cela, l’amour d’1 Corinthiens 13 qui est patient, plein de bonté, n'est pas envieux, ne cherche pas à se faire valoir, ne s'enfle pas d'orgueil, ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son propre intérêt, ne s'aigrit pas contre les autres, ne trame pas le mal, que l'injustice attriste, que la vérité réjouit, qui pardonne en toute occasion, fait confiance, espère, persévère, et qui n’aura pas de fin.

L’amour est tellement central que même les ennemis doivent en être entourés et 1 pierre 4.8  nous dit : « Mais surtout, ayez entre vous un fervent amour: car l’amour couvrira une multitude de péchés. »

  Vous remarquerez que bien que Benny Hinn prétende faire des miracles et bien que certains chrétiens disent avoir réellement expérimenté quelque chose de miraculeux durant ses croisades, le monde ne se tourne pas vers Christ pour autant. Le péché ne recule pas, l’amour ne grandit pas. On entend de la musique retentir et l’on voit l’agitation gagner les stades tandis qu’ensuite, tout s’éteint, l’émotion disparait et le monde demeure intacte. Comment influencer le monde durablement ? En étant comme Jésus, dans nos caractères, dans nos mœurs, dans nos pensées. L’accent a cessé d’être mis sur ces choses, et ce serait pourtant une manière puissante de témoigner de Christ à un monde égoïste et individualiste.

 Au lieu de nous dire : « Allez et dominez le monde, vous êtes des princes, vous devez vous enrichir et dominer le monde » les prédicateurs devraient dire : « Vous êtes sur la terre avec un but, refléter Christ, prêcher Christ tout en étant comme lui, et à votre amour, le monde saura que vous êtes ses disciples et entendra le message du salut. » Au lieu de dire : « Habillez vous en gangster et rappez comme eux » ils devraient dire «  Montrez leur l’exemple biblique, montrez leur qu’il y a autre chose, de pur, de saint, ne vous laissez pas envahir par leur culture mais mettez en avant la vôtre.» 

Si seulement le monde pouvait voir se distinguer un groupe de croyants pieux, aux mœurs irréprochables, désintéressés des biens de ce monde, si les femmes «  libérées » de cette génération pouvaient voir apparaitre ces épouses pieuses, chastes et soumises, tout cela constituerait une évangélisation puissante. Ils verraient Christ en nous, ce serait merveilleux, miraculeux, nous serions la lumière du monde. 

Je me souviens d’un jour où j’ai dû attendre un long moment à la poste afin d’être servie, et une fois au guichet, la dame m’expliqua que je m’étais trompée de ticket et que je devais recommencer à zéro. Les français sont connus pour se plaindre, c’est culturel, et je détenais un moyen clair de manifester les mœurs des citoyens des cieux, la maitrise de Soi, la patience et la douceur. Au lieu de cela je déchirais le ticket en deux, murmurait entre les dents, pour ensuite sortir de la salle en maugréant. Quelle piteuse démonstration des fruits de l’Esprit ! Tant de fois nous manquons l’occasion de propager les mœurs de Christ autour de nous. Vous me direz : « c’est dur ! », je vous répondrai que vous avez tout à fait raison et que c’est la raison pour laquelle la Bible nous dit de prier sans cesse sans se relâcher. 

Ephésiens 4 1-3

 Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d'une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, en toute humilité et douceur, avec patience, vous supportant les uns les autres avec charité, vous efforçant de conserver l'unité de l'esprit par le lien de la paix

Tant de fois nous avons prié ainsi : « Seigneur, ta parole dit que si nous demandons nous recevrons, et bien bénis moi Seigneur avec un emploi, une maison… » Bien peu de fois avons-nous dit : « Seigneur, ta parole dit, que si nous demandons nous recevrons, donne- moi  ton caractère

Dans l’évangile de prospérité où pour être béni il suffit de semer, indépendamment de la volonté du Seigneur, combien ont déjà semé pour ressembler à Christ et être pieux ? Bien que cette démarche soit erronée, il serait intéressant de savoir si un chrétien a déjà semé pour avoir les fruits de l’Esprit. Il aurait été dans l’erreur mais au moins, aurait aspiré à des choses louables et éternelles.

Si les chrétiens doivent infiltrer la société pour attirer son attention sur Christ, ce n’est pas en se présentant à la présidence, ou en adoptant leur style de musique mais plutôt en manifestant le caractère de Christ dans la vie de tous les jours, en ajoutant à cela l’évangélisation traditionnelle. 

Supposez qu’un matin, dans le métro, vous voyiez un SDF se faire renverser par une foule de travailleurs exténués par leur mendicité incessante. Supposez que tandis que le SDF git au sol dans l’indifférence générale, vous braviez la honte et sortiez de la bulle confortable qu’est l’indifférence pour lui tendre la main et le relever. Ce serait là une sorte d’évangélisation car les consciences des autres seraient jugées et vous témoigneriez de l’amour pour autrui, enseigné par notre Seigneur. Je pourrai multiplier les exemples, mais tout cela a pour but de nous sensibiliser. Il n’y a rien de mal à débattre de choses bibliques, à être actif pour le royaume, mais si je n'ai pas l’amour, je ne suis rien. 1 cor 13.2
Peut-être devrions nous remettre l’amour à la première place dans tout ce que nous entreprenons et alors verrons nous réellement Christ être glorifié au milieu de nous, simplement par nos mœurs, par la mise en pratique de l’amour biblique, tel ce chandelier éclairant un monde certes déchu mais encore assez lucide pour distinguer ce qui brille de ce qui a cessé de le faire.