jeudi 28 octobre 2010

Le besoin incessant d'une sainteté pratique‏. John Charles Ryle

J'ai eu une profonde conviction depuis plusieurs années que la sainteté pratique et la consécration personnelle entière à Dieu ne sont pas atteintes suffisamment par les chrétiens modernes. La politique, la controverse, l'esprit de parti ou la mondanité a mangé le cœur de la piété vivante de trop d'entre nous. Le sujet de la sainteté personnelle est tombé malheureusement à l'arrière-plan. Le standard de vie est devenu péniblement bas dans plusieurs quartiers. L'immense importance "d'honorer en tout la doctrine de Dieu notre Sauveur" (Tite 2:10), et de la rendre aimable et belle par nos habitudes et notre caractère quotidien, a été beaucoup trop oublié... La saine doctrine évangélique est inutile, si elle n'est pas accompagnée par une vie sainte.
 
Il est, toutefois, de grande importance que le sujet en entier soit placé sur de justes fondations, et que le mouvement à ce sujet ne doit pas être endommagé par des phrases grossières, disproportionnées et orientées d'un seul sens. Si de telles phrases abondent, nous ne devons pas être surpris. Satan connaît bien la puissance de la véritable sainteté, et l'immense blessure qui augmente l'attention vis à vis de celle-ci va le faire au bénéfice de son royaume. C'est alors dans l'intérêt du diable de promouvoir les querelles et la controverse au sujet de cette partie de la vérité de Dieu.
 
Qu'est-ce que la sainteté ?
 
L'épître aux Hébreux dit, "Recherchez la paix avec tous, et la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur" (Héb 12:14). C'est un texte qui débute notre discussion sur la sainteté pratique.
 
Il suggère une question qui demande l'attention de tous ceux qui professent être chrétiens. Sommes-nous saints ? Allons-nous voir le Seigneur ?
 
Cette question ne pourra jamais être désuète. L'homme sage nous dit, "Il y a un temps pour tout, un temps pour toute chose sous les cieux : un temps pour naître, et un temps pour mourir ; un temps pour planter, et un temps pour arracher ce qui a été planté ; un temps pour tuer, et un temps pour guérir ; un temps pour abattre, et un temps pour bâtir ; un temps pour pleurer, et un temps pour rire ; un temps pour se lamenter, et un temps pour danser ; un temps pour lancer des pierres, et un temps pour ramasser des pierres ; un temps pour embrasser, et un temps pour s'éloigner des embrassements ; un temps pour chercher, et un temps pour perdre ; un temps pour garder, et un temps pour jeter ; un temps pour déchirer, et un temps pour coudre ; un temps pour se taire, et un temps pour parler." (Éc 3:1-7). Mais il n'y a aucun temps, pour un jour dans lequel une personne ne doit pas être sainte. Est-ce que nous nous efforçons de nous améliorer ?
 
Dans ce monde à la course et en agitation, arrêtons-nous pour quelques minutes et considérons le sujet de la sainteté. Je crois que j'aurais pu choisir un sujet plus populaire et plaisant. Je suis certain que j'aurais pu en trouver un plus facile à aborder. Mais je crois profondément que je n'aurais pas pu en choisir un plus opportun et plus profitable pour nos âmes. C'est une chose solennelle d'entendre la Parole de Dieu qui dit, "sans la sanctification, personne ne verra le Seigneur".
 
Laissez moi essayer de vous montrer ce que la véritable sainteté pratique est, quel genre de personnes sont ceux que Dieu appelle saints. Plusieurs peuvent se rendre loin, et toutefois ne pas atteindre la véritable sainteté. Ce n'est pas la connaissance... ni une grande profession... ni faire beaucoup de choses... ni un zèle pour une certaine forme de religion... ni la moralité et une conduite extérieure respectable... ni prendre plaisir à entendre les prédicateurs... ni rechercher la compagnie de personnes saintes. Ces choses toutes seules ne sont pas la sainteté. Une personne peut avoir n'importe laquelle de ces qualités et toutefois ne jamais voir le Seigneur.
 
Qu'est-ce donc alors que la sainteté pratique ?... La sainteté est l'habitude d'être une seule pensée avec Dieu, selon ce que nous trouvons être Ses pensées décrites dans l'Écriture. C'est l'habitude d'être d'accord avec le jugement de Dieu, haïr ce qu'Il hait, aimer ce qu'Il aime, et mesurer toutes choses dans ce monde par le standard de Sa Parole.
 
Une personne sainte va s'efforcer d'éviter tout péché connu, et de garder chaque commandement connu. Cette personne va avoir un penchant résolu vers Dieu, un désir du cœur de faire Sa volonté, une plus grande crainte de Le décevoir plutôt que de déplaire au monde, et un amour pour toutes Ses voies. Il va ressentir ce que Paul ressentait quand il a dit, "Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l'homme intérieur" (Rom 7:22) et ce que David a ressenti lorsqu'il a dit, "C'est pourquoi je trouve justes toutes tes ordonnances, Je hais toute voie de mensonge" (Ps 119:118).
 
Une personne sainte va s'efforcer d'être semblable à notre Seigneur Jésus-Christ. Il ou elle ne va pas simplement vivre une vie de foi en Lui, et recevoir de Lui toute la paix et la force quotidienne, mais va aussi travailler pour avoir les pensées qui sont en Lui, et "être semblables à l'image de son Fils" (Rom 8:29). Ce sera le désir de supporter et de pardonner aux autres, comme Jésus-Christ nous a pardonné, de ne pas être égoïste, comme Jésus-Christ n'a pas cherché son propre intérêt, de marcher dans l'amour, comme Jésus-Christ s'est humilié lui-même. ... Beaucoup de temps serait sauvé, et beaucoup de péché serait prévenu, si les gens se posaient plus souvent la question à eux-mêmes, "Qu'est-ce que Jésus-Christ aurait dit et fait, s'Il avait été à ma place ?"
 
Une personne sainte va rechercher la charité et la gentillesse fraternelle. Elle va s'efforcer d'observer la règle d'or de faire, comme il aimerait que les autres fassent pour elle... Une personne sainte va s'efforcer de montrer la foi par ses comportements extérieurs, et de faire que cela soit gentil et agréable aux yeux de tous ceux qui sont autour d'elle.
 
Une personne sainte va avoir un esprit de pardon et de bienveillance envers les autres. Lui ou elle ne se tiendra pas oisif toute la journée, mais va s'efforcer d'être utile présentement pour sa génération, et de diminuer les besoins spirituels et la misère qui l'entourent.
 
Une personne sainte va rechercher la pureté de cœur. Cette personne va rejeter toute souillure ou saleté de l'esprit, et chercher à éviter toutes les choses qui peuvent l'amener à cet endroit. Cette personne va savoir que son cœur est comme une poudrière, et va prudemment le préserver des étincelles de la tentation.
 
Une personne sainte va avoir la crainte de Dieu. Je ne veux pas dire la peur d'un esclave, qui travaille seulement parce qu'il a peur de la punition, et qui serait oisif s'il ne redoutait pas d'être découvert. Je veux dire plutôt la peur d'un enfant, qui désire vivre et agir comme s'il était toujours devant son père, parce qu'il y a de l'amour entre eux.
 
Une personne sainte va rechercher l'humilité, désirant, dans l'abaissement de son esprit, estimer tous les autres au-dessus de ce qu'ils sont, de voir davantage de mal dans son propre cœur que dans n'importe quel autre dans le monde. Ils vont comprendre quelque chose du sentiment d'Abraham quand il dit, "moi qui ne suis que poudre et cendre" (Gen 18:27) et de Jacob quand il dit, "Je suis trop petit pour toutes les grâces et pour toute la fidélité dont tu as usé envers ton serviteur" (Gen 32:10).
 
Une personne sainte va rechercher la fidélité dans toutes ses tâches et relations dans sa vie. Elle va essayer, pas seulement de prendre sa place aussi bien que les autres qui ne font aucun cas de leurs âmes, mais encore mieux, parce qu'elle a des motifs plus élevés. ... Ces paroles de Paul ne doivent jamais être oubliées, "Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes" (Col 3:23). Cette personne doit s'efforcer de faire toutes choses de son mieux, et doit avoir honte de se permettre de faire quoi que ce soit de mauvais.
 
Le dernier élément, et non le moindre, une personne sainte va chercher à remplir ses pensées de choses spirituelles, s'efforçant de mettre complètement ses affections sur les choses d'en haut, et tenir les choses sur terre d'une main très lâche. Cette personne ne va pas négliger les choses de cette vie présente, mais la première place dans ses pensées et dans son esprit va être donnée à la vie à venir. Cette personne va viser à vivre comme quelqu'un dont le trésor est au ciel, et de passer dans ce monde comme un étranger et un pèlerin voyageant vers sa maison. Avoir une communion avec Dieu en prière, dans la Bible, et dans l'assemblée de Son peuple, sont les choses qui seront le plaisir principal de cette personne sainte.
 
Vivre avec un paradoxe
 
Mais laissez-moi dire, et je crois que personne ne va mal me comprendre... Je ne dis pas pour un moment que la sainteté éloigne la présence du péché qui demeure en nous. Non, loin de là. C'est la plus grande misère d'une personne qui s'applique à la sainteté que le fait qu'elle porte en elle un "corps de cette mort" (Rom 7:24). ...Mais c'est l'excellence de quelqu'un qui cherche à ne pas être en paix avec le péché intérieur, comme les autres le sont. Il hait le péché, pleure sur lui et aspire à être délivré de sa compagnie.
 
Je ne dis pas que la sainteté vient à maturité et à la perfection en un seul coup, ou que ces grâces que j'ai touchées doivent être trouvées dans leur plein épanouissement et vigueur avant que vous puissiez considérer quelqu'un saint. Non, loin de là. La sanctification est toujours une œuvre progressive... Et au mieux, la sanctification est un travail imparfait. L'histoire des saints les plus notoires qui ont jamais vécu va contenir plusieurs "mais", "toutefois" et "malgré cela" avant d'atteindre la fin. L'or ne peut être présent sans scories, la lumière ne peut briller sans quelques nuages, jusqu'à ce que nous atteignions la Jérusalem céleste... Ceux que nous considérons des saints ont tous des imperfections et des défectuosités quand ces personnes sont pesées dans la balance du sanctuaire. Leurs vies sont une guerre continuelle avec le péché, le monde et le diable, et quelquefois vous verrez qu'ils ne vont pas surmonter, mais succomber. "La chair a des désirs contraires à ceux de l'Esprit, et l'Esprit en a de contraires à ceux de la chair ; ils sont opposés entre eux, afin que vous ne fassiez point ce que vous voudriez" (Gal 5:17).
 
Mais encore, pour tout cela, je suis certain que d'avoir un tel caractère timidement décrit précédemment, est le désir du cœur et la prière de tous les véritables chrétiens. Ils se dirigent vers là, même s'ils ne l'atteignent jamais. Ils peuvent ne pas l'atteindre, mais ils visent toujours à cet endroit. C'est pour cela qu'ils font des efforts et travaillent à devenir, si ce n'est pas ce qu'ils sont.
 
La véritable sainteté est une grande réalité. C'est quelque chose dans une personne qui peut être vu, connu, remarqué et senti par tous ceux qui vous entourent. C'est du sel : s'il existe, sa saveur va être perçue. C'est un onguent précieux : s'il existe, sa présence ne peut être cachée.
 
Nous avons besoin de confesser nos échecs. Je sais qu'une route peut conduire d'un point à un autre, et toutefois comporter des méandres et des tournants ; et une personne peut être vraiment sainte, et toutefois être mise de côté par plusieurs choses. L'or n'est pas moins or s'il est mélangé avec un alliage, ni la lumière moins lumière parce que faible et diminuée, ni la grâce moins grâce parce que jeune et faible. Mais après chaque confession, je ne peux pas voir comment une personne peut se penser "saint" tout en ne s'étant pas humilié et fâché de ce qu'elle a fait.
 
La nécessité de la sainteté pratique
 
Est-ce que la sainteté peut nous sauver ? Est-ce que la sainteté peut éloigner le péché, couvrir les iniquités, satisfaire pour les transgressions, et payer notre dette à Dieu ? Non, elle ne le peut pas. Dieu défend à quiconque de dire une telle chose. La sainteté ne peut faire aucune de ces choses... Nos œuvres les plus pures ne sont pas meilleures que vêtements souillés (És 64:6 - Nous sommes tous comme des impurs, et toute notre justice est comme un vêtement souillé ; nous sommes tous flétris comme une feuille, et nos crimes nous emportent comme le vent), lorsque mises devant la lumière de la loi sainte de Dieu... Avec toute notre sainteté, nous ne sommes encore pas meilleurs que les pécheurs. Alors, pourquoi la sainteté est aussi importante ? Pourquoi l'apôtre dit-il, que "sans elle personne ne verra le Seigneur" (Héb 12:14) ?
 
Pour une chose, nous devons être saints, parce que la voix de Dieu dans l'Écriture l'ordonne clairement. Jésus-Christ a dit, " si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux" (Matt 5:20) et "soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait" (Matt 5:48).
 
Nous devons aussi être saints parce que c'est une grande finalité et un grand but pour lequel Jésus-Christ est venu dans le monde. Paul a écrit aux Corinthiens, "il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux" (2 Cor 5:15).
 
Nous devons être saints parce que c'est la seule bonne évidence que nous avons une foi qui sauve dans notre Seigneur Jésus-Christ. L'épître de Jacques nous met en garde contre la foi morte (Jac 2:17 - Il en est ainsi de la foi : si elle n'a pas les œuvres, elle est morte en elle-même. Jac 2:26 - Comme le corps sans âme est mort, de même la foi sans les œuvres est morte.) Une foi qui ne va pas plus loin que la profession des lèvres, et qui n'a aucune influence sur le caractère de l'homme. La véritable foi qui sauve est une chose très différente. La foi véritable va toujours se démontrer elle-même par ses fruits, elle va purifier le cœur.
 
Nous devons être saints, parce que c'est la seule preuve que nous aimons le Seigneur Jésus-Christ avec sincérité. C'est un élément sur lequel Il a parlé de façon étendue. Dans le l'Évangile de Jean, Jésus-Christ a dit, "Celui qui a mes commandements et qui les garde, c'est celui qui m'aime ; et celui qui m'aime sera aimé de mon Père, je l'aimerai, et je me ferai connaître à lui" (Jean 15:21).
 
Nous devons être saints, parce que c'est la seule véritable évidence que nous sommes de vrais enfants de Dieu. Les enfants dans ce monde sont généralement comme leurs parents. Certains, sans doute, le sont davantage et d'autres moins ; mais c'est rarement toutefois que vous ne pouvez reconnaître une sorte de ressemblance familiale. Et c'est la même chose avec les enfants de Dieu. Jésus-Christ a dit, "Si vous étiez enfants d'Abraham, vous feriez les œuvres d'Abraham. Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi qui vous ai dit la vérité que j'ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l'a point fait. Vous faites les œuvres de votre père. Ils lui dirent : Nous ne sommes pas des enfants illégitimes ; nous avons un seul Père, Dieu. Jésus leur dit : Si Dieu était votre Père, vous m'aimeriez, car c'est de Dieu que je suis sorti et que je viens ; je ne suis pas venu de moi-même, mais c'est lui qui m'a envoyé." (Jean 8: 39-42) Nous devons montrer par nos vies la famille à laquelle nous appartenons. Nous devons laisser les hommes voir par nos bonnes conversations que nous sommes néanmoins les enfants de Dieu, ou que notre condition de fils n'est pas un nom vide.
 
Nous devons être saints, parce que c'est la façon la plus efficace de faire du bien aux autres. Nous ne pouvons vivre par nous-mêmes seulement dans ce monde. Nos vies vont toujours être en train de faire soit le bien ou le mal à ceux qui les regardent. Elles sont un sermon silencieux que tous peuvent lire. Il est triste, toutefois, quand nos vies sont un sermon pour la cause du diable, et non pour celle de Dieu. Je crois que beaucoup plus est fait pour le royaume de Jésus-Christ par la vie sainte des croyants que nous n'en sommes conscients. Il y a une réalité à propos d'une telle manière de vivre qui produit des sentiments dans les autres, et les oblige à réfléchir. Cela véhicule un poids et une influence en soi, que rien d'autre ne peut donner. Cela rend la religion belle, et pousse les autres à la considérer.
 
Finalement, nous devons être saints parce que notre confort présent en dépend beaucoup. On ne peut nous le rappeler trop souvent. Nous sommes malheureusement enclins à oublier qu'il y a une connexion étroite entre le péché et les regrets, la sainteté et la joie, la sanctification et la consolation. Dieu l'a tellement sagement ordonné que notre bien-être et notre conduite sont liées ensemble. Dieu a dans sa grâce fait que même dans ce monde, il soit dans notre intérêt personnel d'être saints.
 
John Charles Ryle